NE CHERCHEZ PLUS L’AMOUR, SOYEZ LE !
J’ai passé beaucoup de temps dans ma vie à rechercher l’amour, le véritable amour qui est une reconnaissance profonde de l’autre et son respect. Au début, j’identifiai l’amour comme un formidable état de bien-être, un état d’extase où l’on se sent connecté à toutes choses, ou toutes peurs ont disparus. À côté de lui, tout l’amour terrestre que je pouvais vivre s’avérait à la longue décevant, incomplet, car ce que nous appelons aimer, nous les humains s’apparente plus, a de la demande d’être aimé.
Je demandais à l’autre de me donner un peu de cet état de bien-être, s’il m’aimait véritablement, il devait me l’offrir. J’étais dans l’exigence sans m’en rendre compte. Je lui demandais ce que lui-même avait peu et demandait en retour. Une guerre d’ « énergie » s’engageait inévitablement entre nous, chacun prédatant inconsciemment l’autre de ce qu’il avait de plus précieux. Il faut dire que sur cette sphère d’expérience, l’amour est rare et nous en sommes tous profondément carencés. Pour survivre à ce manque, nous utilisons tous des stratégies pour tenter de capter des miettes de cette reconnaissance profonde qu’est l’amour, nous sommes tous plus ou moins des mendiants de l’amour sans oser vraiment le reconnaître.
Ce n’est pas notre faute, c’est la faute des règles de ce monde et de ceux qui imposent ces règles. Ces derniers ont perdu toute dignité, tout respect d’eux même et des autres, leurs cœurs est noir et leurs avidités sans limite. Placés aux plus hauts sommets du pouvoir, telle des sources jaillissant du néant, l’eau qui s’en écoule ruisselle vers la base et contamine tous les assoiffées qui la boivent sans discernement.
Il m’a fallu presque 40 ans pour comprendre que cet état de bien-être n’était pas vraiment l’amour véritable, il en est une expression certes, mais en nous rendant dépendant de lui, nous tombons dans l’avidité de le maintenir constamment et dans la plainte de son absence. C’est juste une étape, une démonstration de son existence, il faut monter plus haut, voir plus profond. Il faut réaliser que nous ne sommes pas ici pour chercher l’amour, mais pour l’offrir, pour créer chacun de nous des sources pures de lumière se répandant en ce monde.
Nous sommes venus transformer ce monde, le terraformer pour en faire un monde de lumière. Il n’est nul besoin de faire quoi que ce soit d’extérieur pour cela, nous avons juste à irradier et laisser les assoiffer, venir à nous pour qu’une fois repus, ils irradient à leur tour. Ce « juste » demande cependant beaucoup, il demande de quitter notre exigence à recevoir, reconnaître la réalité telle qu’elle est, même ignoble. Il demande de quitter nos plaintes et se reconnaître soi-même comme source de lumière et voir l’ombre comme un révélateur de cette lumière, un moyen de revenir à soi-même, devant l’intolérable souffrance de sa manifestation. Ce « juste » est exigeant et n’est pas, aujourd’hui encore, à la portée de tous. Ce n’est point de buveurs que nous manquons, mais de sources pures et claires qui se déversent parmi nous. Aurons-nous le courage et la lucidité de devenir cette source ? À chacun de répondre à cette question.
Christophe de la famille itier